Colin Smith

J'ai toujours dessiné. Gahan Wilson et Charles Addams ont été mes premiers modèles. Leurs bandes dessinées combinent des dessins inquiétants avec une écriture brève et parfaite. Edward Gorey a eu une influence plus durable, d'une part en raison de son travail à la plume, et d'autre part parce qu'il a créé ses petits livres, qui ne ressemblent à rien d'autre. Pendant onze ans, j'ai été le dessinateur de la section Salon du Telegraph-Journal. La caricature est une chose sublimement difficile à faire, comme dessiner un œuf, et j'ai eu l'honneur de m'y essayer.

Mes photos sont actuellement exposées à la Gallery 78, à Fredericton. J'expose au Tuck Studio à Saint John, et j'ai participé à des expositions individuelles et collectives dans tout le Nouveau-Brunswick. Je fais partie de la collection d’œuvres d’arts provinciale, CollectionArtsNB.

J'ai réalisé des projets d'art public et je les recommande vivement. Ils vous obligent à être flexible et à collaborer. J'ai réalisé une murale pour l'École arc-en-ciel d'Oromocto et une sculpture pour la ville de Florenceville-Bristol.

Je réalise de plus en plus de commandes. Je les aime parce qu'elles me poussent à essayer de nouvelles approches et des sujets peu familiers.

Les oiseaux apparaissent constamment dans mes dessins depuis des années, probablement parce qu'ils sont toujours là, une fois qu'on les cherche. Ils représentent la nature, le mouvement, la liberté, les cycles naturels, et parfois, ce sont simplement des oiseaux. La cartographie est également devenue un sujet majeur. Cependant, dans tout ce que je fais, le thème sous-jacent est la mémoire. Comment la mémoire modifie-t-elle l'expérience ? Qu'arrive-t-il au monde lorsque votre mémoire change ?

Je travaille à la plume et à l'encre. Comme chaque marque d'encre est permanente, c'est un médium passionnant à utiliser. Les stylos à immersion ont également une très légère modulation de la ligne que les stylos techniques n'ont pas. Cela ajoute un mouvement chatoyant au dessin.

Qu'est-ce qui vous a amené à devenir artiste ?

J'ai toujours dessiné, mais à un âge impressionnable, j'ai lu « How to be a Cartoonist » de Syd Hoff. C'est à ce moment-là que j'ai décidé d'abandonner mes rêves de carrière de déterreur de dinosaures et de me concentrer sur le gribouillage. C'est toujours le cas, même si mes dessins sont maintenant plus grands et encadrés.

Comment votre formation et votre expérience vous ont-elles aidé à créer et à innover dans votre pratique artistique ?

Lorsque je vivais à Montréal, le spectacle de la vie autour de moi me passionnait. J'ai commencé à regarder et à écouter, à noter des choses, à faire des croquis et à transformer la vie en dessins. J'ai décidé de me faire publier dans le New Yorker, ce qui m'a appris la discipline de production et a grandement amélioré mon dessin. Lorsque ma mère a succombé à la maladie d'Alzheimer, je me suis tourné vers les paysages et les cartes, anciens et modernes, prêtant plus d'attention à l'espace physique qui m'entoure, comprenant comment la mémoire façonne le monde. Et en déménageant à Florenceville, j'ai découvert le monde des oiseaux, ce qui m'a changé.

Qu'est-ce qui vous stimule le plus dans votre pratique ?

Je dessine constamment de toute façon, mais la discipline d'avoir des œuvres finies à réaliser me fait travailler davantage, et de manière plus constante. Et plus je travaille, plus je m'améliore et plus j'ai d'idées. C'est très stimulant.

Qu'est-ce qui motive votre créativité ?

La névrose est le point de départ. Chaque fois que je dois réfléchir ou écouter un groupe, je gribouille, ce qui m'aide à me concentrer. C'est ainsi que mon cerveau élimine toutes les distractions cérébrales et se concentre. J'ai appris à aimer cela, et depuis que j'ai découvert (ces dernières années) que je m'améliore si je travaille plus, j'ai l'intention de continuer plus ou moins à plein temps jusqu'à la fin. Je serai enterré avec une chemise abîmée par un stylo-feutre situé dans la poche de poitrine.

En quoi le fait de vivre et de travailler au Nouveau-Brunswick vous a-t-il aidé ou inspiré dans votre démarche ?

La cartographie a constitué une part importante de mon travail ces dernières années, principalement autour du Nouveau-Brunswick et du réseau hydrographique du fleuve Saint-Jean. J'ai vu Saint John changer au cours des cinquante-cinq dernières années, et c'est une chose remarquable. Une ville est une chose vivante, et c'est un honneur d'être témoin de son évolution. Il en va de même pour les parties de la ville qui ne le sont pas. Plus on est conscient de l'histoire et de la géographie, plus on voit clairement la terre onduler, se déplacer et changer sous nos pieds.

Comment se déroule votre processus créatif lorsque vous créez une œuvre d'art ?

Si je travaille sur quelque chose comme une carte, je regarde des cartes et des atlas. Ensuite, je les range et je me fie à ma mémoire pour éliminer les détails sans importance. Pour les projets plus importants, je fais beaucoup d'esquisses rapides pour fixer la composition. Ensuite, je fais des ébauches au crayon. Tous les détails apparaissent lorsque je complète le dessin à la plume et à l'encre. C'est là que la résolution des problèmes et les nouvelles idées fabuleuses apparaissent, et parfois des changements majeurs dans la composition, car tout ce que vous faites au stylo-plume est permanent. Lorsque l'encre est appliquée, les décisions finales sont prises. Ensuite, j'ajoute de la couleur avec des encres et de l'aquarelle, et je complète avec de l'encre à dessin, si nécessaire. Je sais à peu près ce que cela va donner quand je commence, mais je ne sais jamais vraiment si le dessin fonctionne en tant que tel avant une semaine ou deux après sa réalisation. J'aime tellement le processus que je dois laisser passer du temps avant de pouvoir juger le dessin en tant que produit.

Pourquoi pensez-vous qu'il est important de faire de l'art et de poursuivre une carrière artistique ?

Je ne peux parler que pour moi. Je dessine comme d'autres travaillent sur des voitures. Le fait de dessiner constamment m'a entraîné dans un secteur particulier du monde, l'art, où les gens essaient depuis des milliers d'années de donner un sens à leur monde avec leurs mains. Je suis fier d'en faire partie.

Une carrière est importante parce qu'elle vous permet de travailler davantage, de vous améliorer, de vous concentrer et de vous développer. Et gagner de l'argent signifie que quelqu'un vous prend au sérieux.

Qu'avez-vous appris sur vous-même et sur la communauté artistique grâce à votre travail ?

Je préfère fermer ma porte et faire des journées de huit heures de dessin, parce que j'aime ça et que je sais que c'est la seule façon de s'améliorer. Mais je m'intéresse aussi de plus en plus à l'autre aspect d'une pratique artistique, à la communauté et aux structures. Pendant des années, j'ai travaillé tôt le matin, les jours où j'étais enseignant, donc avoir le luxe de circuler dans le monde de l'art maintenant est un changement agréable.

J'ai appris que j'aimais les commandites, car elles me poussent à faire des choses auxquelles je n'avais même pas pensé.

Quel est, selon vous, l'impact du travail des artistes sur les communautés et la province dans son ensemble ?

Si l'art que vous voyez sur un mur, dans une galerie ou dans la rue sur le chemin du travail vous fait réfléchir à quelque chose, c'est que l’artiste a accompli son travail. Si vous vivez et regardez l'art, il vous fait réfléchir.

Décrivez ce dont vous êtes le plus fier dans votre carrière.

Mes progrès, qui restent cachés jusqu'à ce que je voie mes anciens travaux.

Quels conseils donneriez-vous aux artistes émergents ?

Aucun. Seuls ceux qui sont véritablement infectés par le virus continueront à faire de l'art jusqu'à ce qu'ils soient bons dans ce domaine. Et ils sont déjà au-delà de tout conseil. J'espère qu'ils apprécieront le voyage.