Élisabeth Marier
Après son Bacc. de l’École des arts visuels de Université Laval, Élisabeth Marier collabore avec l’Institut des métiers d’art de Montréal pour mettre sur pied l’option verre du programme de formation collégiale en métiers d’art au Québec. Elle a enseigné depuis plus de vingt ans dans le cadre du Diplôme d'études collégiales, option verre, à l'Espace VERRE.
Ses sculptures de vitre sont rapidement reconnues par ses pairs et sa création est supportée conséquemment, dont une bourse en Recherche et innovation et plusieurs bourses de niveau A en Recherche et création. C’est l’époque des échanges entre artistes verriers de par le monde. Espace VERRE est sur cette trajectoire. Suite à une collaboration entre Koffler Gallery de Totonto et le Riihimäki Art Museum en Finlande, l’exposition circule en plusieurs pays d’Europe. Par la suite, ses oeuvres seront exposées essentiellement aux Etats-Unis, au Canada, en France et en Suisse.
Voulant rejoindre son compagnon de toujours parti en 2007 travailler à Caraquet, Élisabeth déménage l’année suivante. Quitter l’enseignement et son atelier est déterminant, puisque son travail est intimement lié à la dynamique de son environnement. Elle intègre à son nouveau mode de vie la nature omniprésente et les êtres qui y habitent, semant et plantant des arbres, laissant une part au hasard des vents. En 2013, elle obtient une subvention de artsnb pour la création de tableaux de verre. Trois oeuvres en proviennent, mais le décès soudain de son compagnon vient bouleverser sa vie. Une résidence Entr’Art arrive à point, ouvre la porte à l’écriture. Le recueil de poésie Tu es là, édité à compte d’auteur, est présenté avec les oeuvres qui en émanent, à la Galerie Bernard-Jean en 2018.
Elle s’implique dans l’implantation du Centre d’artistes La Constellation bleue, puis rejoint de CA de l’AAAPNB pour deux mandats consécutifs. Lors du FAVA 2020, durant la pandémie et à titre de marraine, elle fait un lien entre la démarche découlant de l’exploration continue du soi et l’importance du partage. Son travail récent a été exposé à la Galerie d’Espace VERRE en 2022, à Dieppe en 2023 chez Art-Artiste et sera présenté à Caraquet en janvier 2025.
Qu’est-ce qui vous a amené à devenir artiste ?
Le dimanche, nous allions parfois au musée en famille, j’avais une fascination pour les portraits et ce qu’ils transmettent, même de façon fugitive. Nous avions de beaux livres d’art de l’éditeur Skira à la maison. Enfant, j’aimais souvent regarder les couleurs vibrantes de L’Annonciation de Fra Angelico, l’histoire tragique relatée par Tres de Mayo de Goya, la vie d’autrefois et les jeux d’enfants relatés par Breughel. Mes parents ont veillé à ce que je suive des cours très tôt.
J’étais déterminée à poursuivre des études en arts plastiques. Ayant commencé le CEGEP en 1969, j’ai terminé le Bacc en 1983. Entre les deux, la conviction de l’importance de la matière tout autant que de l’idée ont fait que j’ai ouvert un atelier personnel et espacé la formation. J’ai aussi pris le temps de profiter des premières années de la maternité tout en poursuivant ma recherche sur le matériau verre.
Je me perçois comme une personne sensible en perpétuel questionnement. Mon art provient de mon besoin d’exprimer ce que je ressens. Mes oeuvres sont des portraits abstraits de mes états d’âme; à partir de 1996, je les ai décrites comme des états d’être, puisque nous projetons nos émotions dans notre réalité physique. Mes portraits sont ceux du ressenti, exprimé par la matière.
Qu’est-ce qui vous a amené à travailler le verre ?
En 1975, je montais tout en haut de la tour que nous appelions la Tour des arts, un édifice tout en fenêtres, pour voir les couchers de soleil très impressionnants cette année là à cause des particules émises par l’explosion du volcan Mauna Loa à Hawaï. L’ascenceur s’est ouvert par hasard - apparemment sans demande explicite - au huitième étage, en pleine lumière du soir devant l’atelier de vitrail où étaient appuyées plusieurs feuilles de verre antique aux couleurs profondes et éclatantes. J’ai été éblouie. Ma pratique du vitrail s’est poursuivie jusqu’en 1982. J’ai ouvert un atelier de vitrail dans le Vieux Québec, exposé deux fois ce travail au Musée du Québec. De 1979 à 1982, suite à une commande de l’Éditeur officiel du Québec, j’ai mené une recherche exhaustive sur le travail du verre en art. À cette époque, il n’y avait ni formation ni livre portant sur le thermoformage du verre. Ce matériau transformé par la chaleur comme médium accessible à un artiste en était encore à ses balbutiements. Mon penchant pour la recherche a pris le dessus, c’est le début de mes oeuvres en vitre thermoformée.
Mes influences formalistes ont été primordiales. Les planchers de tuiles de métal tendre labourés d’impacts du sculpteur américain Carl André tout comme les habitacles de Mario Merz ont été des balises pour moi. La vitre industrielle est devenue mon matériau fétiche pour exprimer l’envers des choses, ce qui nous semble solide mais qui est liquide, de questionner la rigidité de nos regards sur les choses perçues comme immuables. Le verre à vitre m’a permis cette approche formaliste pour exprimer mes préoccupations métaphysiques. J’ai utilisé la vitre thermoformée comme matériau de 1983 à 2012, en pliage sous gravité, en laminage à chaud, en cuissons successives jouant avec la structure des molécules pour provoquer les transformations, en fusion complète, en dévitrification.
À Caraquet, j’ai finalement installé chez moi un four plat pour la fusion intégrale. Finies les sculptures se figeant en cours de transformation. Encore une fois, il me fallait innover en développant une approche différente. Mes oeuvres sont devenues des tableaux sur pied tels des aquarelles dans la masse. J’ai voulu transposer un concept très abstrait en une suite de cinq tableaux, un travail de longue haleine. Le dernier des cinq, Aube, réalisé en 2024 sera exposé à Caraquet en janvier 2025. À l’origine, m’était venue l’idée de témoigner de là où je nous sens comme société à tel moment dans le temps, d’imaginer le reflet abstrait de nos actions dans notre environnement, de situer un état fugitif actuel ou à venir. Pour partager visuellement ces portraits du nous, je me suis donnée comme cadre initial la croisée oscillante d’une verticalité et d’une horizontalité, comme témoignage de la fragilité de notre environnement. J’ai nommé cette suite “Entre l’abscisse et l’ordonnée”.
Le verre en fusion est une matière mouvante susceptible d’emprisonner de l’air et d’apporter ainsi sa part d’expression. Même pour les tableaux monochromes, la sortie de four est une rencontre! Par la suite, j’aime écrire sur le tableau. La matière et ses bulles, la peinture gestuelle à la grisaille et la poésie des mots forment un tout. C’est un accord.
En quoi votre formation et vos expériences vous ont-elles aidée à créer et à innover dans votre pratique artistique?
Ma formation universitaire en arts visuels a porté sur l’aspect conceptuel de la création, mais la recherche technique de mise en forme du verre à la chaleur n’a reposé que sur moi. Je voulais en démontrer la puissance du potentiel évocateur. En 1983, on avait fermé les ateliers spécialisés de textile, de céramique et de vitrail, mais les fours de céramique étaient encore fonctionnels. L’un d’eux était grand et vertical, c’est là que j’ai suspendu une vitre la première fois. Par la suite, j’ai pu en utiliser un plus grand encore, chez Céramique Décor, une entreprise de Charlesbourg qui a commandité ma recherche pendant quelques années. Je pouvais entrer dans ce four et j’avais fait fabriquer une cage d’acier inoxydable pour me permettre d’y installer des tiges de suspension à toute hauteur.
C’était l’époque des grands cornets, avant le début de la formation à Espace VERRE. J’exposais alors à la Galerie Elena Lee dans son demi sous-sol, ce qui m’a ouvert des portes: l’exposition au Musée de Indianapolis lors des Jeux Panaméricains de 1987, de belles ventes dont l’acquisition d’une première oeuvre par le Musée des arts décoratifs de la ville de Lausanne. Cette oeuvre a par la suite été léguée au MUDAC. Lorsque le MUDAC a déménagé au Centre d’exposition Plateforme 10, plusieurs événements ont eu lieu pour revisiter la collection, dont un retour sur l’histoire du verre en art contemporain. Cela m’a permis de vendre une deuxième oeuvre et qu’on m’offre une exposition solo sous les combles du bâtiment du XVII ième siècle.
En 1988-89, la formation à Espace Verre s’est concentrée sur les différentes façons de travailler le verre à chaud. Les fours-cloche en fibre céramique et leur contrôleur électronique étaient une innovation mieux adaptée au travail du verre. Ils n’accumulent pas la chaleur mais la retiennent dans la cloche qu’on peut soulever pour figer la transformation de la pièce restée sur la sole. Par ailleurs, dans le contexte du développement de la formation professionnelle qui incluait le démarrage d’entreprise, j’avais entrepris des études (mi DESSGOC mi MBA) pour mieux comprendre la gestion particulière de l’entreprise artisanale, à savoir l’importance d’harmoniser la personalité de l’artiste avec sa structure d’entreprise et celle de prévoir conséquemment les installations et la gestion de la production d’une activité professionnelle sur mesure. Entre les bouchées doubles au travail, la famille et les études, j’avais peu de temps pour la création, hormis la possibilité d’insérer parfois dans un four de la classe de thermo un petit test, s’il restait un coin d'espace libre. Dans ce cours d’initiation visant à découvrir les variables potentielles, chaque étudiant installait ce qu’il voulait à une température donnée, une façon de comprendre la décroissance progressive de la viscosité du matériau. Ces minuscules improvisations ont été des semences qui ont germé plus tard!
Cela a donné naissance aux petites sculptures de vitres juxtaposées (les Souffles) et de carreaux de vitre superposés. Je me suis fabriquée mon matériau de base: seulement deux formes distinctes en vitres laminées par couches superposées. J’ai fabriqué ces blocs en un très court laps de temps et je les ai reproduits en multiples exemplaires. C’était mon cadre de départ et cela m’a permis de travailler ensuite plusieurs années. Les blocs ont été assemblés de diverses manière, prenant forme de sculptures qui sont devenues les Multiples semblables mais toujours différents. Je les ai remises plusieurs fois au four, introduisant un facteur interactif pour exprimer l’impact de l’environnement et de la société sur chacun de nous, une métaphore expérimentale à l’intérieur des fours.
Qu’est-ce qui vous stimule le plus de votre pratique ?
Le plaisir de découvrir les variables, l’envers des choses, transformer et partager mon étonnement. Mon regard porte sur la nature de la matière, ce qui entre en jeu à travers l’imagination et surgit à travers nous. Je m’appuie plus récemment sur une quête existentielle alimentée par des lectures qui laissent une marque profonde que je ne peux pas ignorer. Je parle de la recherche du soi et de l’impact de ce qui est produit collectivement, depuis la nuit des temps, d’après - entre autres - les écrits de Carl Gustav Jung. Ces écrits sont par ailleurs vulgarisés avec clarté par Frédéric Lenoir.
Je me nourris aussi de l’art des autres, des artistes de toutes disciplines avec qui je me sens connectée et qui, chacun à leur façon, alimentent l’inconscient collectif. L’art contribue à faire évoluer l’âme du monde.
Qu’est-ce qui anime votre créativité ?
Je pourrais dire que les états d’être de tout un chacun apportent leur contribution à l’âme du monde. J’ai développé ma création en solitaire, pour me protéger peut-être, en décalage entre l’univers des arts visuels et celui des métiers d’art; j’étais plus confortable dans l’aléatoire que dans le défini. Ma pratique est liée à ce que je vis, mes oeuvres en témoignent. La perfection de l’objet n’était pas une voie pour moi. J’ai toujours aimé innover, faire quelque chose qui à ma connaissance n’avait jamais été fait! J’aime exploiter le potentiel unique d’un matériau, travailler la matière pour répondre à un contexte ou à un besoin, faire ma part, dire mon mot, poursuivre une quête, la mienne, mon graal.
Aujourd’hui, il y a mon “ jardin-feuille ‘’ où je tente de favoriser la vie des plantes indigènes, des insectes, des oiseaux et des petites bêtes: c’est un point de départ pour me sentir faire partie prenante de l’univers. J’ai toutefois maintenant besoin de créer des interactions positives et non plus être en réaction. Mes lectures et mes rapports avec “l’autre” alimentent mon parcours. Je vois bien que nos pensées et nos actions entraînent des changements qui transforment notre environnement. Cela est observable à mon échelle, fait des petits, me met en contact avec d’autres humains et donne un sens à mon existence. Je crois à l’importance de l’acte individuel pour influencer le monde qui nous entoure et enrichir progressivement la vision collective de l’humanité. Je crois en la verbalisation de l’intention pour ancrer en chacun de nous la confiance d’un changement possible. Je mise sur la contagion.
À l’aube d’une autre tranche de vie, je me suis délestée d’une grande partie de mes stocks de matières premières, accumulés depuis plus de cinquante ans. Mes dernières oeuvres de verre fusible seront exposées à Caraquet à l’hiver 2025. Ce que me réserve l'avenir? La poursuite de ma quête intérieure au fil des jours et le plaisir des collaborations, elles me sont devenues nécessaires. L’oeuvre se révèlera d’elle même, avec des mots, des improvisations, avec des couleurs peut-être aussi, puisqu’il me reste encore quelques feuilles de verre antique de mon coup de foudre de 1975! La résidence Nazaire Dugas Redux à l’automne 2024 me donnera l’occasion de nouvelles rencontres, d’où émergera un travail autour de l’architecture religieuse de ce grand architecte et par extension un lieu propice à l’écoute de soi avec les autres.
Comment le fait de vivre et de travailler au Nouveau-Brunswick vous a-t-il aidé et/ou inspiré votre cheminement ?
Le fait de venir vivre au Nouveau-Brunswick a changé mon emploi du temps, mes revenus de subsistance, mon environnement technique, mon environnement naturel, mes relations sociales, la nature de mes interactions. Les défis stimulent la créativité, le dépaysement nourrit l’imaginaire. Ce qui a été très stimulant, c’est l’interdisciplinarité qui est favorisée par la structure et le dynamisme de l’AAAPNB. La communauté artistique du Nouveau-Brunswick déploie une énergie remarquable où la musique, par ailleurs, est très présente et m’apporte du bonheur. Je suis vraiment heureuse de partager ma pensée sur ce blog!
Il faut dire que Caraquet est une ville où la poésie, le théâtre, les arts visuels, le cinéma, la musique, la performance, la danse et la chanson sont accessibles toute l’année. C’est à ma porte, c’est accessible et j’ai plus de temps pour apprécier ou participer.
Comment se déroule le processus de création d’une œuvre ?
Mon processus est un amalgame entre l’intention et le laisser venir. J’ai toujours louvoyé entre le cadre d’un contexte précis et l’ouverture à inviter un certain hasard, pour enfin le reconnaître ensuite comme apport signifiant et collaboratif. C’est comme si la matière vivante avec laquelle je travaille avait son mot à dire et que je pouvais renchérir! J’ai joué sur plusieurs cordes, surveillant la transformation en cours, fragilisant la matière en refroidissement ou en la réchauffant trop rapidement pour ensuite la faire se fêler et ouvrir la cassure à la chaleur: des mises au four répétées jusqu’à quatre fois avant de recuire convenablement pour garantir l’organisation cohérente des molécules. Les années 1979 à 1982 m’avaient donné une bonne base en physique, base qui m’a servie en création toute ma vie.
Quant au travail expérimental en couleur, je l’ai amené là où je voulais, surtout au Nouveau-Brunswick. J’apprécie là aussi l’impromptu qui se présente parfois dans mes tableaux comme il se présentait autrefois dans mes sculptures de vitre. Les feuilles de verre de couleur que j’utilise sont fabriquées manuellement et comportent parfois des défauts qu’on tenterait de contourner normalement. C’est toujours un défi en fusion de gérer la sortie de l’air présent entre les couches. Dans mon travail toutefois, si je prévois quand même les chemins de sortie de l’air, je tente aussi d’exploiter les défauts susceptibles de générer des bulles d’air qui participeront à l’expression, tel “ l’oeil menaçant” de l’oeuvre Erre, le premier tableau de la suite de cinq réalisés chronologiquement sur la thématique de “Entre l’abscisse et l’ordonnée”.
Pourquoi pensez-vous qu'il est important de faire de l’art et de s’investir dans une démarche artistique?
L’art exige une pensée autonome et conséquente, la conception de ce qui n’existait pas avant, c’est un chemin de réflexion très personnel qu’on accepte de partager. Plus que jamais, il est nécessaire que nous, les artistes, soyons des acteurs de changement responsables. L’artiste travaille avec son intuition, son savoir, son réseau pour partager des émotions, des réflexions profondes, un regard critique, de l’étonnement qui bouleverse les perceptions.
La diffusion des différentes pratiques incite à voir notre univers sous plusieurs angles. Cela nous amène en tant que collectivité à modifier progressivement notre regard sur le monde. L’art est un facteur d’évolution des sociétés.
Grâce à votre travail, qu’avez-vous appris sur vous-même et sur la communauté artistique du Nouveau-Brunswick ?
Sur moi-même, j’ai compris assez tôt que j’allais savoir développer une nouveau corps d’oeuvre cohérent même si des pauses inhérentes aux aléas de la vie devaient parfois interrompre mon travail de création. Avec le recul, je constate que ma persévérance a contribué à l’oeuvre, je vois aisément non seulement la force de sa ligne directrice, mais aussi les apports des aléas.
J’ai toujours cru à l’écriture sur son propre travail. La pensée est là, elle avance, elle évolue et le travail de création évolue aussi. Céer de l’art pour moi c’est le miroir de créer sa vie.
Mon propre déménagement s’est aussi concrétisé à Caraquet dans la foulée des États généraux de 2007. Il était considéré depuis 2006 de nous établir, mon compagnon et moi, à Yarmouth. L’effervescence de la communauté culturelle acadienne a fait dévier notre trajectoire! L’ouverture de la communauté m’a aussi amenée à travailler en réponse à d’autres pratiques, un jeu interactif de connivences. D’un point de vue humain, ma vie s’est enrichie.
Selon vous, quel est l’impact du travail des artistes dans les communautés et dans l’ensemble de la province ?
L’impact du travail des artistes est manifeste dans les écoles, dans les communautés acadiennes et dans les initiatives d’inclusion entre communautés. Les artistes sont des travailleurs infatigables, respectueux et généreux. On se doit de reconnaître leur apport et on a tout intérêt à leur faire confiance!
Le dynamisme et l’éventail des actions culturelles repose en grande partie sur le déploiement des efforts constants de l’Association acadienne des artistes professionnels du Nouveau-Brunswick. L’AAAPNB est un leader inclusif et son apport est déterminant en ce qui a trait à l’émergence d’une nouvelle société.
Décrivez ce dont vous êtes le plus fier au cours de votre carrière.
Être restée fidèle à moi-même, toujours curieuse, téméraire, généreuse de mon temps et de mon savoir. J’ai contribué, avec d’autres, à créer du changement autour de moi.
D’un point de vue personnel, j’ai entrepris il y a plusieurs années d’approfondir la compréhension de qui je suis afin de déceler les replis les plus secrets dans ce qu'il est convenu d’appeler le soi. En retour, une compréhension plus limpide de mon parcours en tant que personne et les répercussions que cela a eu sur ma vie professionnelle. Inversement, je considère mon travail de création comme un sentier de découverte de ma propre personnalité.
J’ai écrit un jour dans un origami sphérique et dans deux de ses douze alvéoles “entre futur et temps présent” et “des cailloux blancs sur le chemin”. Ces mots me reviennent en mémoire car ils décrivent bien ce que je suis fière d’avoir entrepris, à savoir la découverte progressive de mon parcours, à l’aller et au retour!
Quels conseils donneriez-vous aux artistes émergeants ?
La matière est là pour donner vie à l’avancement des idées, donner un corps, de la couleur ou des textures favorisant le partage des émotions. Mais tout commence par un pensée liée à une émotion, l’intuition nous accompagne alors et de la matière surgit le fil d’interaction.
Ne pas hésiter à entreprendre une pratique et une conversation autour des sujets qui nous habitent, un apprentissage qui génère de nouvelles pistes en création. Il y aura des moments forts et des pauses parfois imposées par les aléas de la vie. Il faut préserver la flamme qui nous habite et intégrer les balises qui se présentent, sachant que le pouvoir de la création surgira à nouveau, plus fort.
Il faut croire en soi, faire confiance à la vie et créer les liens qui favorisent le partage.