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Jolene Robichaud

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Jolene Robichaud 📷 Jonah Haché

Jolene Robichaud (elle/il/iel) est une artiste multidisciplinaire queer acadienne et mi’kmaw. Elle a grandi nomade autour de la rivière de Richibucto, au Nouveau-Brunswick, tandis que ses familles viennent de Kouchibouguac et L'nu Minigog.

Résidant actuellement à Montréal, Québec, elle travaille à temps plein pour son entreprise appelée JR Fashion Designs. C'est dans le cadre de cette entreprise qu'elle crée en tant que designer, artisane, et artiste textile. Elle a présenté ses dernières collections de mode à la St. John’s Fashion Week et à la Semaine Mode de Montréal en 2024.

Qu’est-ce qui vous a amené à devenir designer de mode ?

J’ai toujours été intéressée par la mode. Depuis que je me souvienne, je voyais la vieille machine à coudre Singer de mémére Thérèse et j’adorais m’amuser avec ses tiroirs remplis de notions. Elle faisait beaucoup de upcycling, parce que c’était tout ce que pouvaient se permettre les Acadiens ce temps-là. Quand j’étais assez jeune pour apprendre, à l’âge de 6 ans, ma grand-grand-mère Naine Marguerite m’avait appris à coudre à la main pour fabriquer des hardes pour mes petites bebelles. C’est elle qui m’a aussi appris à brocher.

En grandissant, les gens me donnaient des vêtements de seconde main parce que j’étais la seule de ma taille, et nous allions faire du shopping dans les friperies pour des vêtements neufs. Pendant les publicités du soir chez ma grand-mère, ils ne me demandaient pas pour, mais je leur donnais des fashion shows, gratuits, dans le salon, avec tous les vêtements de seconde main. Je les stylais de manière folle, et cela m’a donné le goût de m’habiller avec de l’expression depuis ce temps-là.

Qu’est-ce qui vous a amené à travailler le textile et les perles ?

J’ai toujours trouvé le perlage vraiment beau, et je ne pensais pas, même pas en un million d’années, que j’aurais eu la patience pour devenir perleuse. Tout a commencé lorsque je passais du temps avec ma granny Rita Thompson (Sock) et elle me disait qu’elle perlait, et je ne le savais même pas. Elle me parlait de tous les artisanats traditionnels mi’kmaw que différents membres de notre famille faisaient autrefois. L’écouter parler me réchauffait le cœur. Et là, elle m’a dit qu’elle pourrait me montrer comment perler. Cela m’a vraiment touchée.

Well de well. Visitez vos aînés. Dites-leur que vous les aimez. Je n’ai pas pu la revoir, moi. Alors, j’ai pris la décision d’apprendre par moi-même. Les premiers mois ont été vraiment difficiles, j’ai passé à travers beaucoup d’émotions. J’ai perlé pour moi, pour la famille, et pour une collection importante. Depuis ce temps-là, je perle pour les autres, avec beaucoup d’amour. C’est tout à cause d’elle que je suis sur ce chemin ici.

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2025 - Siwkwewiku's - divers tissus, perles et cristaux - inspiré du mois de mars et du début du printemps, de l'eau de bouleau, de la glace et de la neige qui fond. 📷 Simon Sees

En quoi votre formation et vos expériences vous ont-elles aidé à créer et à innover dans votre pratique artistique?

J’ai reçu un certificat de Foundation Visual Arts de NBCCD à Fredericton en 2014. J’ai eu des mentors à travers des années qui m’ont aidé à affiner mes pratiques, mon éthique de travail, qui m’ont grandement inspiré et encouragé. Entre ami.es, famille, aînés, je reçois toujours des connaissances traditionnelles, plutôt informelles. Comme quelqu’un qui a commencé à faire du ready-to-wear, je commence bien à m'exprimer sur le runway, un peu plus qu’avant, je fais mes propres accessoires et bijoux aussi. Donc, honnêtement, toutes ces formations et connaissances commencent à m’aider à être capable d’exprimer des traumatismes profondément enracinés, à travers du fashion, à travers du beadwork, à travers de l’art.

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2024 - L’nu Glyphs & Glam Collection - écorce de bouleau et cuir de chevreuil suédé avec jupe en satin et ensemble de bijoux en perles d'eau douce - inspiré de pétroglyphes Mi’kmaw en forme de calotte en N.-É. 📷 Samflo Images Photography

Qu’est-ce qui vous stimule le plus de votre pratique ?

Je le fais pour moi, je le fais pour la communauté, je le fais pour les générations à venir. J'adore mon travail. Le côté artistique, le côté administratif, le côté vente, tout. Ça me fait avancer et ça me donne la force de vivre, une raison de me lever le matin. Je le fais pour la communauté. Quand quelqu'un achète quelque chose à quelqu'un qu'ils aiment. Ou quand quelqu'un commande un travail personnalisé et le porte pour la première fois, puis je peux le voir. Ça leur donne un morceau de leur culture, ou juste un morceau très proche à eu même. C’est très spéciale. C'est aussi une grande façon de revendiquer notre culture, pièce par pièce, dans notre garde-robe. Normaliser les regalias, les jupes à rubans, les grandes boucles d'oreilles des aunties, tout. Pour nous, et pour les générations à venir.

Qu’est-ce qui anime votre créativité ?

Les plantes, les médecines naturelles, la mer, Richibucto et la rivière de feu, la galaxie, ma famille, l'espoir, les traditions, le rire et écouter.

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2024 - Off The Walking Trail Collection - Cotton et perlage - inspiré de doubles courbes Wabanaki et de fraises 📷 Life in Full Bloom Photography

Comment le fait de vivre et de travailler au Nouveau-Brunswick vous a-t-il aidé et/ou inspiré votre cheminement ?

Au Nouveau-Brunswick, je voulais faire des fashion shows, mais je n’étais pas au collège ou rien. Il n'y avait pas de place pour me joindre à un show existant. Donc, entre les années 2019-2022, j’ai organisé mes propres shows pour montrer mes collections. J’ai réalisé 4 collections, une chaque année. Les deux premières, j’ai organisé les fashion shows moi-même, et puis j’ai fait du modeling. La troisième, je l’ai organisée avec quelqu’un d’autre et fait du modeling aussi. Ensuite en 2022, j’ai sorti avec une autre collection. Cette collection fut supportée par artsnb et était une série d’histoires-vidéo et montré par conférence durant la COVID. C’était ce que j’ai organisé et fait beaucoup de modeling, direction, direction artistique pour vidéoshoots et photoshoots aussi, ainsi que la retouche des photos. Donc, travailler au Nouveau-Brunswick me faisait travailler plus dur pour pouvoir me donner les opportunités que je cherchais. Tout pour juste faire une collection de mode et la montrer au public. Depuis que je suis dans une plus grande ville, je n’ai pas besoin d’organiser des événements pour y participer, je peux juste m’y joindre.D’abord, j’ai appris beaucoup de choses en tant que designer au NB. Je comprends comment les choses marchent et j’ai la peau beaucoup plus épaisse maintenant.

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2022 - 7 Generations and Back - Supporté par artsnb, animations en boucle par Jonah Haché - inspiré du concept de lignée ancestrale et d'identité personnelle, reliant le passé au futur. 📷 Jonah Haché

Comment se déroule le processus de création d’une œuvre ?

C'est très différent d'une pièce à l’autre, mais parlons de couture. Je dirais que pour mes grandes œuvres, cela commence par des croquis et des crayons de couleur. Les designs me viennent souvent quand j'essaie de dormir, honnêtement. Donc, quand c'est le moment de colorier, c'est soit une image que j'ai immédiatement en tête, soit elle n'arrive jamais et je l'oublie. Parfois, je demande de l'aide pour les designs si je sais que je dois faire quelque chose. Je fais un smudge et je colorie. Ensuite, c'est la création actuelle. Si c'est une commande, j'essaie de le faire exactement comme le dessin ou comme on en a parlé. Mais, quand c'est un dessin pour moi, là, c'est juste pour le plaisir et cela peut beaucoup changer entre le dessin et l'exécution finale. Cela dépend des matériaux que j'ai sous la main, du niveau de upcycling, du temps que j'ai pour aller magasiner, et de combien d'argent j'ai à dépenser pour les matériaux. Tous ces éléments peuvent complètement changer un look. C'est pour ça que j'aime bien garder un stock plein de matériaux de seconde main à la maison, si je peux!

Pourquoi pensez-vous qu'il est important de faire de l’art et s’investir dans une démarche artistique?

L'art parle parfois pour nous. Personnellement, je ne suis pas doué avec les mots, et je trouve que faire de l’art, créer différents types d’art selon les jours, m’aide à faire entendre ma voix dans le monde. En tant que personne neurospicy, j'ai du mal à naviguer dans ce monde, et sans art, je pense parfois que je flotterais sans rien faire ni rien dire, gardant tout pour moi. L'art me donne ma plateforme en tant que personne.

Grâce à votre travail, qu’avez-vous appris sur vous-même et sur la communauté artistique du Nouveau-Brunswick ?

J’ai appris que c’est okay de faire de l’art qui n’est pas toujours coloré et qui regarde content. Nos mains sont dirigées par ce qui est dans nos pensées et dans notre cœur. Je ne peux pas plaire à tout le monde, art ou dans la vie.

Selon vous, quel est l’impact du travail des artistes dans les communautés et dans l’ensemble de la province ?

L’impact des artistes a définitivement formulé la grande base de la vie artistique au Nouveau-Brunswick aujoud’hui. Souvent les expériences directes des membres de la communauté sont transmissibles à travers des pièces d’art des artistes incomparables du Nouveau-Brunswick. Je vois personnellement beaucoup d’art acadien et wabanaki. L’art d’Acadie ultra-moderne est bien sur le rise, et pour moi, c’est bien une forme de guérison et d’espoir. L’art Wolastoqey, Mi’kmaw et Peskotomuhkati sont de plus en plus au premier plan. Ce n’est encore pas assez, et on a besoin de meilleurs contrats, comme le reste des gens. Je dois beaucoup aux artistes Mi'kmaw et Wolastoqey qui sont un peu comme mes mentors. Sans eux, je ne serais pas où je suis. Aujourd’hui, on doit tout à ceux qui sont venus avant nous. Nous tous, dans toutes nos communautés.

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2023 - Athyrium Collection - Perles, cuir suédé, fond de fourrure, os de vache, rondelles en verre, acier inoxydable - inspiré par la millefeuille 📷 Jolene Robichaud

Décrivez ce dont vous êtes le plus fier au cours de votre carrière.

Honnêtement, j’ai travaillé vraiment dur sur mon art, mon artisanat et mon entreprise. Je n'ai pas beaucoup fait d'études postsecondaires, alors je suis vraiment fière de mon cheminement et de m’être sortie de la pauvreté en même temps.

Quels conseils donneriez-vous aux artistes émergeants ?

Donnez-vous du temps au commencement. Ça ne vient pas tout d'un coup. Jack of all trades ça va très loin, mais, quelqu’un qui sait comment demander pour de l’aide de la communauté, ça mène encore plus loin.

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