Mélanie Léonard
Née à Montréal, Mélanie Léonard est Directrice musicale de Symphonie Nouveau-Brunswick et Professeure adjointe de direction instrumentale (musique contemporaine) à l’École de musique Schulich de l’Université McGill. Elle a été cheffe en résidence, puis cheffe associée du Calgary Philharmonic Orchestra et Directrice musicale du Sudbury Symphony Orchestra.
Elle a été invitée à diriger plusieurs orchestres canadiens incluant l’Orchestre Symphonique de Montréal, Toronto Symphony Orchestra, Les Violons du Roy, l'Orchestre Métropolitain, l'Orchestre du Centre National des Arts, les orchestres symphoniques d’Edmonton, Regina, Victoria, Winnipeg, Québec et Symphony Nova Scotia.
Maestra Léonard est aussi en demande pour des projets d'enregistrements variés. Elle a enregistré les trames sonores pour Aura à la Basilique Notre-Dame de Montréal, Paradise City, un univers multimédia immersif en Corée du Sud et pour Land of Fantasy, spectacle du Cirque du Soleil présenté à Hangzhou, en Chine.
Au cours de sa carrière, Madame Léonard a fondé trois organismes musicaux dédiés à la musique contemporaine : l’Ensemble Prima, le Wild West New Music Ensemble et le Calgary New Music Festival.
Durant la saison 2023-2024, elle est de nouveau invitée à diriger l’Orchestre Métropolitain et l’Orchestre Symphonique de Saskatoon. Elle a fait ses débuts avec l’Orchestre Symphonique d’Ottawa.
Mélanie Léonard a été la première femme ayant complété un Doctorat en Direction d’orchestre à l’Université de Montréal. En 2012, elle a reçu le Prix Jean-Marie Baudet en direction d’orchestre attribué par le Conseil des Arts du Canada.
Qu’est-ce qui vous a amené à devenir cheffe d’orchestre ?
Devenir cheffe d’orchestre a été l’aboutissement d’un parcours à travers diverses formes d’art et le fruit d’une réflexion sur le bonheur.
D’abord, mon parcours en musique a été truffé de détours. Intéressée par toutes les formes d’art, je n’ai pas tout de suite su que la musique était ma voie. J’ai fait du ballet et de la danse sportive de compétition. J’ai aussi fait une majeure en arts visuels et une mineure en théâtre au Cegep. En parallèle à tout ça, je prenais des cours de violon depuis l’âge de 9 ans et je faisais partie de l’Orchestre symphonique des jeunes du West Island. J’ai passé tous mes niveaux en violon au Conservatoire de musique McGill (qui n’existe malheureusement plus).
C’est au moment où les arts visuels et le théâtre occupaient la majorité de mon temps que j’ai compris que je pourrais toujours apprécier de loin toutes les formes d’art, mais que je ne pouvais vivre sans musique. Le temps me manquait pour jouer de mon instrument et c’est la perception de ce vide qui a été le début d’une importante réflexion.
Quand étais-je la plus heureuse? Sur scène. Pour moi, c’était évident. Je savais que je voulais être interprète. D’abord, j’ai voulu être violoniste, mais ma réflexion m’a amenée ailleurs. En plus de mon amour de la scène et du partage avec le public, j’avais un esprit créatif, j’aimais travailler en équipe et j’aimais assumer un rôle de leadership dans les divers projets qui m’animaient. J’ai réalisé que d’être cheffe d’orchestre me permettait d’être moi-même et de m’exprimer dans toutes ces facettes de ma personnalité. Je me suis donc lancée dans le parcours académique me permettant de réaliser ce rêve et j’ai la conviction tous les jours que j’ai fait le bon choix. Je suis extrêmement reconnaissante pour la chance que j’ai de faire ce qui me passionne.
En quoi votre formation et vos expériences vous ont-elles aidé à innover dans votre domaine?
Mon implication dans diverses formes d’art m’a apportée une compréhension et une appréciation globale de ce que ça implique d’être une artiste, une musicienne. La musique fait partie de l’écosystème à la fois social et culturel. Je continue d’aller dans les musées et les spectacles de danse et de théâtre. Ce contact direct avec l’art continue de m’inspirer et de nourrir ma créativité. En musique contemporaine, j’ai la chance de participer directement au processus de création d’une œuvre. C’est une grande richesse que de pouvoir parler directement aux compositeurs/trices.
Qu’est-ce qui vous stimule le plus de cette profession ?
La possibilité de participer à la richesse de la communauté par la musique. J’ai à cœur d’avoir un impact positif pour les gens, les musiciens avec qui je travaille et notre public. Ça me touche de penser que ce que nous faisons en tant que musiciens, ça apporte du bonheur aux autres. Je vois ça comme un grand privilège de faire le métier que j’aime et de toucher le cœur des gens.
Comment le fait de vivre et/ou de travailler au Nouveau-Brunswick vous a-t-il aidé et/ou inspiré votre cheminement ?
Je parle beaucoup de partage et d’impact sur la communauté quand je parle de mon métier. Je me sens accueillie ici. Le public, c’est ce qui donne son sens à la musique. Sans lui, ce n’est qu’un exercice artistique. Hors, je suis inspirée par son accueil, sa participation, son soutien, les mots d’encouragement que je reçois parfois. À travers la programmation, j’ai envie de cultiver la richesse de ce lien et j’espère pouvoir en tisser de nouveaux. Je suis aussi inspirée par les musiciens et l’équipe avec qui j’ai le bonheur de travailler. Ils sont talentueux et engagés et ensemble, nous sentons que nous pouvons accomplir de grandes choses. Je suis toujours heureuse de partager la scène avec l’orchestre. Ce sont plus que des collègues, c’est une famille.
Pourquoi pensez-vous qu'il est important de faire de l’art et s’investir dans une pratique artistique?
L’art, ça nourrit le cœur. C’est un langage d’émotions. C’est à la fois rassurant et confrontant. C’est un regard sur le monde. Ça nous rappelle qui nous sommes à un niveau fondamental. Peu importe la pratique et le niveau auquel nous le pratiquons, l’art nous permet un contact au monde dans ce que nous avons de plus sincère à partager.
Selon vous, quel est l’impact du travail des artistes dans les communautés et dans l’ensemble de la province ?
À travers nos diverses activités, les musiciens de l’orchestre sont très impliqués dans la communauté. Ils participent à des présentations dans les écoles et les bibliothèques, se produisent dans des concerts de musique de chambre. En plus petites formations, nous sommes plus mobiles et flexibles, ce qui nous permet de visiter différentes communautés en dehors des grands centres pendant notre saison. Ces musiciens jouent un rôle primordial en enrichissant l’offre culturelle et en rendant la musique plus accessible à une grande portion de la population. Certains de nos musiciens sont bien connus et extrêmement appréciés par le public.
De plus, outre le partage de l’émotion, les artistes et musiciens sont des ambassadeurs qui permettent à la province de rayonner aussi hors de ses frontières. C’est un métier qui nous permet de nourrir un sentiment de fierté chez les gens. Par exemple, quand je dirige ailleurs au Canada, je parle toujours de Symphonie Nouveau-Brunswick, de la beauté de la province, des gens. À travers ma propre fierté de contribuer à son essor, je me fais messager de sa richesse. Il n’y a pas une province où j’ai dirigé qui n’a pas entendu parler de Symphonie Nouveau-Brunswick. Je veux que tout le monde sache qui nous sommes.
Décrivez ce dont vous êtes le plus fier au cours de votre carrière.
Probablement d’avoir persévéré au-delà de toutes les lettres de rejet, des périodes sans travail, des difficultés diverses, des doutes. J’ai eu peur, j’ai eu de la peine, j’ai été frustrée et découragée. Cependant, à chaque fois, l’idée de changer de voie m’était plus difficile à accepter que l’effort à fournir pour me relever.
Quels conseils donneriez-vous à toute personne souhaitant faire carrière dans la musique classique ?
J’aimerais pouvoir leur partager une recette infaillible, mais il y a autant de parcours qu’il y a de musiciens. Croyez en votre rêve et écoutez votre voix intérieure. On pourrait donner le même conseil à quiconque est animé par une passion.
