
Martin Daigle

Lauréat du prix de l'Innovateur de l'année 2022 de Musique NB, Martin Daigle est un interprète, compositeur et chercheur interdisciplinaire originaire du Nouveau-Brunswick, au Canada. Formé comme batteur et percussionniste, Martin repousse les limites de l'art audiovisuel et électroacoustique dans des contextes interdisciplinaires. Il est également membre fondateur du groupe Les Moontunes, avec lequel il se produit fréquemment.
L'approche musicale novatrice de Martin en percussion s'appuie sur des dispositifs électroniques. Il explore notamment le développement d'une "batterie augmentée", qui combine sons de batterie acoustique, échantillons numériques et manipulations visuelles pour un résultat unique.
En tant qu'interprète, Martin maîtrise divers genres, dont le rock, le jazz et la percussion classique. Il a participé à des festivals prestigieux tels que le Festival de Jazz de Montréal, le Festival d’été de Québec, Open Ears, Sound Symposium, le Festival de Musique de Création, le Halifax Jazz Festival, Acadie Rock, et bien d'autres.
Les recherches scientifiques de Martin se concentrent sur l'équilibre du batteur, le timbre, l’orchestration de la batterie, ainsi que sur le développement de technologies adaptées pour une pédagogie inclusive. Ces projets visent à améliorer l'accessibilité de l'enseignement et à réduire les blessures liées à la pratique de la batterie. Ses travaux ont été publiés dans HAID20 et présentés au PASIC2023, au symposium CIRMMT-OICRM-BRAMS, ainsi que dans diverses universités en Amérique du Nord et en Europe.

Qu’est-ce qui vous a amené à faire de la musique ?
J’ai toujours été touché par la musique. Durant mon adolescence, la musique était une façon de s’échapper et de se défouler — un « punching bag » sonore. Quand est arrivé le moment de décider de mon avenue postsecondaire, j’voulais pas vraiment faire autre chose que ça !
En quoi votre formation et vos expériences vous ont-elles aidé à créer et à innover dans votre pratique artistique ?
Mes formations incluent beaucoup d’étapes dans de différentes avenues. Mon temps dans le monde académique, en recherche, en cours privé, en voyages, a eu un gros impact sur ma pratique.
Les professeurs, les collègues, et les communautés m’ont encouragé et m’ont aidé à questionner ce que je fais. Ces rencontres m’ont permis de raffiner mes performances à mon goût et en respect du milieu, l’œuvre et la vision du projet.
Qu’est-ce qui vous stimule le plus de votre pratique ?
J’aime prendre des risques et explorer de nouvelles façons d’interagir entre domaines artistiques. Ma pratique et mes intérêts artistiques changent souvent après avoir vu une performance ou après avoir vécu une expérience marquante. Je vois des gens créer des choses que je n’ai jamais vues, et ça m’inspire à contribuer de mon côté.
Comment le fait de vivre et de travailler au Nouveau-Brunswick vous a-t-il aidé et/ou inspiré votre cheminement ?
On a une richesse communautaire au Nouveau-Brunswick, des bonnes ressources, beaucoup de place pour créer, et des gens inspirants. On peut parfois penser que ça sera mieux dans un gros centre, mais ce n’est pas forcément le cas.
J’ai apprécié de vivre l’expérience d’un gros centre, parce qu’il y a beaucoup plus de choses qui s’y passent, et une grande variété d’artistes qui sont extrêmement doués. Ça joue sur ton humilité en tant qu’individu, et ça nourrit assez rapidement tes influences, et t’informe sur l’actualité de ton milieu artistique.

Qu’est-ce qui anime votre créativité ?
Les autres artistes qui créent de l’art qui me font vivre des émotions. L’art qui me fait questionner, des expériences de vie non liées à ma pratique, passer de beaux moments avec mes proches.
Comment se déroule le processus de création d’une œuvre ?
Le processus est « messy ». Je prends une direction, je cherche des retours de mes proches qui me donne leur impression, et j’adapte au « feeling ».
Quelle est votre vision à long terme et qu’espérez-vous réaliser ?
Il me reste une année pour terminer mon doctorat; j’ai ensuite quelques projets qui m’attendent. J’aimerais vraiment avoir la chance d’utiliser mes recherches dans des projets communautaires et populaires. C’est beau de faire de la recherche, mais c’est encore mieux de l’utiliser pour influencer ma communauté.
Pourquoi pensez-vous qu’il est important de faire de l’art et s’investir dans une démarche artistique ?
Je trouve que c’est une bonne façon de se divertir, de s’exprimer et de développer une opinion critique sur des choses qui ne sont pas claires.
Grâce à votre travail, qu’avez-vous appris sur vous-même et sur la communauté artistique du Nouveau-Brunswick ?
À chaque fois que je reviens à Moncton, ça me fait plaisir de revoir les gens. Je ne présente pas souvent des œuvres à Moncton, mais c’est toujours un plaisir de partager avec ma communauté. Je sais que j’aime vraiment la « vibe » du Nouveau-Brunswick et je cherche des façons d’y retourner fréquemment.
Selon vous, quel est l’impact du travail des artistes dans les communautés ?
Le travail des artistes est important pour la communauté et ça la rend vivante. Ça se voit très bien durant les festivals d’été, que la présence d’art apporte une belle énergie dans les communautés, et leur permet de vivre de beaux moments.
Décrivez ce dont vous êtes le plus fier au cours de votre carrière.
Je suis fier des retours positifs que reçoivent Les Moontunes. J’investis beaucoup d’énergie dans ce projet, et c’est vraiment « awesome » de voir l’impact positif que ça a sur la communauté !
Cet été, j’ai aussi créé une pièce pour l’Insectarium de Montréal. Avec Marie Lévêque, on a créé une belle intersection entre danse, musique, et électronique, qui a vraiment eu un bel effet sur l’audience.
Quels conseils donneriez-vous aux personnes désireuses de faire carrière en musique ?
C’est important de trouver des alliées, des mentors à l’écoute, des gens qui peuvent te « challenger » tout en t’encourageant dans ta propre voie.