Natasha Sacobie
Natasha Sacobie est une artiste visuelle Wolastoqiyik vivant à Bilijk – Première nation de Kingsclear. La pratique créative de Natasha Sacobie fait appel à des techniques traditionnelles et contemporaines. Après avoir commencé par la peinture à l'huile et le perlage, elle a été attirée par l'écorce de bouleau et les piquants de porc-épic, qui sont aujourd'hui sa spécialité. Sacobie est surtout connue pour ses œuvres significatives qui attirent l'attention sur le respect et la connexion avec la nature et tous les membres de notre famille. Diplômée du Collège d'artisanat et de design du Nouveau-Brunswick, elle vient de terminer le programme de Pratique avancée en studio.
Les œuvres de Sacobie font partie de collections publiques et privées. Ses œuvres ont été exposées à la Résidence du gouverneur à Fredericton, au Nouveau-Brunswick, à la galerie George Fry, au Saint John Arts Center et au Boston Museum. Natasha Sacobie a reçu le prix de l'artiste émergent Heather Stone 2023 lors de la Craft East Buyers Expo et a récemment obtenu une bourse de création d'artsnb.
Qui ou quoi vous inspire et pourquoi ?
J'ai une passion pour la biophilie - en termes plus simples, un amour pour tous les êtres vivants, inspiré par la nature, et tout ce qui m'entoure - vivant ou mort. Je suis une collectionneuse d'antiquités et suis inspirée par l'époque victorienne. Comme vous pouvez le voir, c'est ainsi que j'expose la plupart de mes pièces réalisées avec des piquants de porc-épic. J'aime les couleurs vives et éclatantes, les odeurs et le fait d'être entourée par la nature.
La recherche archivistique a joué un rôle important dans ma vie professionnelle personnelle et dans ma pratique artistique. Je suis attirée par la possibilité de remonter le temps en utilisant la recherche comme vecteur d'éducation, mais aussi pour recréer ce qui a été perdu. Je consacre une grande partie de mon temps libre à la recherche et à ma propre éducation.
Qu'est-ce qui vous a attiré vers les piquants de porc-épic ?
Avant de fréquenter le Collège, j'étais une peintre à l'huile autodidacte et une perlière contemporaine. J'ai abandonné ma pratique artistique pendant environ 7 ans, ne répondant qu'à des commandes privées. À cette époque, je travaillais peu avec les piquants de porc-épic. Ma pratique approfondie des piquants a commencé pendant le programme d'arts visuels Wabanaki en 2020. Au cours de ma deuxième année, j'ai choisi de travailler avec des piquants de porc-épic. J'ai vraiment eu du mal à travailler avec d'autres techniques. Je ne me sentais pas à l'aise avec celles-ci, comme je l'étais avec les piquants. J'aime tout le processus. De la récolte de mes piquants, au nettoyage, à la coloration et à l'assemblage pour créer des œuvres.
Qu'est-ce qui vous plaît le plus dans le travail du piquage ?
La complexité et la concentration du travail sur les piquants de porc-épic exigent de la patience, une attention particulière aux détails et de la précision. C'est là que j'excelle en tant qu'artiste. J'aime créer des pièces qui se prêtent à la différence et à la fluidité. La création de textures et de mouvements est importante dans mes pièces.
Qu'est-ce qui vous plaît le plus dans le fait d'être un artiste vivant au Nouveau-Brunswick ?
Outre la beauté naturelle que le Nouveau-Brunswick nous offre, j'aime le sentiment d'appartenance à une communauté issue d'une petite région. La scène artistique est en train de s'implanter au Nouveau-Brunswick et j'ai pu assister à son épanouissement au cours des dernières années. Le Nouveau-Brunswick jouit d'une riche diversité culturelle, ce qui permet aux artistes d'être exposés à différents styles et traditions artistiques. La population en général est impliquée dans la communauté artistique locale. Nous avons un grand nombre d'artistes très talentueux dans la région, ce qui favorise la collaboration avec différents groupes.
Décrivez ce dont vous êtes le plus fier en tant qu'artiste.
Les trois dernières années de retour à l'école ont été un véritable accomplissement. Ce fut bouleversant, à plus d'un titre. J'ai vu ma pratique et mes compétences se développer rapidement. Cela m'a ouvert de nombreuses portes et m'a permis de nouer de nombreuses amitiés. Je suis reconnaissante aux personnes que j'ai rencontrées au cours de ce voyage et à celles que je rencontrerai dans les années à venir.
Je suis fière des œuvres que j'ai réalisées pour des collections privées. Savoir que les gens apprécient vraiment votre art vaut la peine de créer. Le fait que des personnes que je ne connais pas me contactent pour me demander si je peux leur passer une commande est une véritable source d'inspiration.
Lorsque j'ai quitté le programme d'arts visuels Wabanaki en 2022, on m'a demandé d'être l'artiste invitée en résidence pour l'ouverture du pavillon Harrison McCain du Musée des beaux-arts Beaverbrook, ce qui m'a permis de franchir une étape dans ma pratique créative. L'obtention du prix Heather Stone 2023 pour les artistes émergents a été un moment fort inattendu.
Quelle est votre approche artistique et/ou votre philosophie de création ?
Mon approche artistique de l'art du piquetage est basée sur le jeu entre la nature et la complexité de l'artisanat. Si je puise mon inspiration et mon approche dans les traditions autochtones et honore mon héritage culturel, j'aime en retour rappeler à ceux qui regardent et apprécient mon travail le lien inhérent avec le monde naturel. La résilience et les histoires de ceux qui ont triomphé de l'adversité et de l'oppression au fil des ans m'inspirent. En outre, les créateurs dans tous les domaines de l'art m'influencent. Regarder les gens repousser les limites de leur pratique alimente ma passion.
Quel est votre (vos) artiste(s) préféré(s) et pourquoi ?
J'ai quelques artistes préférés. J'admire beaucoup Alex Janvier. Alex a eu un impact profond sur les arts au Canada. La complexité de son travail sur les traits calligraphiques est captivante. Ses œuvres abstraites contemporaines expriment les perspectives autochtones, l'histoire et les questions d'actualité. Il a adopté une approche très humble, depuis ses débuts jusqu'à aujourd'hui.
Le genre d'art que j'apprécie varie du trait fin au ténébrisme. Je suis attirée par les œuvres aux contrastes sombres qui donnent au public l'impression d'être moroses, sinistres et fascinants, comme les œuvres de Miroslav Pecho. Je suis attirée par les méthodes d'art traditionnelles : crayon à papier, fusain, etc. J'apprécie beaucoup les artistes qui travaillent avec leurs mains : céramique, bijoux, bois, etc.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes artistes émergents ?
Restez curieux et continuez à apprendre et à explorer. Suivez des cours qui vous inspirent, lisez des livres et entourez-vous de personnes partageant les mêmes valeurs. Acceptez tout obstacle comme un vecteur de développement et d'opportunité. La vie vous réserve des revers, mais c'est votre persévérance qui vous permettra d'en sortir victorieux. Si vous êtes un artiste professionnel, ou si vous voulez le devenir, pratiquez toujours avec constance. Comme toute chose, la pratique permet d'acquérir des compétences artistiques. Soyez attentif et réceptif lorsqu'il s'agit de recevoir des critiques constructives. Soyez vous-même et développez votre propre style. Celui-ci deviendra le reflet de votre personnalité. Nous devons être plus nombreux à le faire dans ce monde.
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