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Shaun Ferguson

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Shaun Ferguson, photo: Louis-Philippe Chiasson

Guitariste de renommée internationale, alchimiste des cordes, Shaun Ferguson est un compositeur et interprète accompli. Le musicien autodidacte de Caraquet propose une musique instrumentale moderne, libre, transcendante et unique. Son langage musical, représentant une poésie riche en subtilités, se veut d’une intensité surprenante et nous fait inévitablement voyager.

Tant sur les scènes du Canada que celles des quatre coins de l'Europe, de l’Afrique et de l’Amérique, Shaun Ferguson réussit à captiver son public par sa personnalité charismatique et ses envolées musicales, tantôt douces, tantôt puissantes. Son interprétation presque hypnotique plaît autant aux passionnés de musique instrumentale qu'aux publics moins avertis.

Gagnant de plusieurs prix, nominations et reconnaissances, Shaun Ferguson navigue dans le style guitare soul-folk, d’un folk élargi et universel. Ce dernier a trois albums originaux à son actif dont le plus récent La Lumière De L’Ombre - L’Ombre De La Lumière, paru en 2023. Cet album a reçu un excellent accueil médiatique.

Qu’est-ce qui vous a amené à faire de la musique ?

Difficile à comprendre, je ne viens pas d’une famille musicale, mais ma maman aurait pu être une grande chanteuse. Elle a toujours eu une grande sensibilité et appréciation pour la musique. Une sensibilité que j’ai toujours eue également. En très jeune âge, je pouvais déjà discerner les œuvres qui se démarquaient, car elles me procuraient des frissons. Ces frissons ont toujours été des guides dans ma vie : « chills never lie ». C’est au début de l’adolescence que mon besoin d’apprendre à jouer de la musique s’est fait sentir clairement, comme un appel. Dès que j’ai commencé à jouer, c’est devenu presque comme une vocation.

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photo: Julie D'amour-Leger

En quoi votre formation et vos expériences vous ont-elles aidé à créer et à innover dans votre pratique artistique?

J’ai fait des études universitaires en informatique appliquée et des études collégiales en graphisme. Musicalement, je suis autodidacte. Outre mes expériences de travail musical ainsi que dans ces domaines d’études, un amour profond de la gastronomie est devenu assez apparent. Je suis encore à ce jour cuisinier, barista, barman à mes heures… J’ai bizarrement un bon flair de businessman qui a influencé avec succès de nombreux commerçants. Mais cette partie de moi sera bien plus exprimée dans les prochaines années. Pour revenir à la musique, j’ai beaucoup appris sur le terrain. Les gens me faisaient plus confiance que moi-même, je me faisais à l’époque. Sans avoir l’expérience ni les formations nécessaires, je trouvais la force de livrer la marchandise. Ce n’était vraiment pas facile, mais ce fut une façon pour moi de propulser mon évolution musicale. C’est également de cette façon, en acceptant ces défis, malgré la peur, que ma confiance s’est développée. Il est primordial d’avoir une valeur individuelle équilibrée dans ce monde pour s’accomplir. Cela étant dit, j’ai compris qu’il faut arrêter de tout séparer dans des petites boîtes. Que tout ce que l’on apprend, toutes sphères confondues, appartient à une sphère plus grande. Mes leçons musicales sont également mes leçons de vie et vice versa. J’ai libéré ma passion de sa boîte musicale et je l’emporte avec moi dans tout ce qui m’intéresse.

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photo: Louis-Philippe Chiasson

Qu’est-ce qui vous stimule le plus de votre pratique ?

La non-finalité, tu peux toujours grandir comme musicien, comme compositeur, comme personne. Tu peux toujours devenir meilleur sur ton instrument, etc…

Développer le muscle créatif, ta propre connexion avec l’univers.

De voyager partout dans le monde.

Que l’inconnu soit présent à forte dose dans mon quotidien.

Comment le fait de vivre et de travailler au Nouveau-Brunswick vous a-t-il aidé et/ou inspiré votre cheminement ?

Le fait d’avoir principalement grandi dans le beau petit village de Bas-Caraquet et de la belle petite ville, très culturelle, de Caraquet, a fait en sorte que la mer s’est imprégnée dans ma façon d’être et dans mon sentiment d’être à la maison. Je me sens chez moi partout dans la péninsule acadienne et j’ai bénéficié d’un support incroyable de cette communauté. Ce qui m’a permis de passer à travers des étapes très formatrices et difficiles de mes débuts. Mais je dois avouer que c’est en faisant mon développement à l’international que ma propre province et mon propre pays sont devenus beaucoup plus accessibles ainsi que leurs soutiens plus apparents.

Qu’est-ce qui anime votre créativité ?

De respirer, de prendre le temps de faire un bon repas, le déguster, le savourer, d’être et partager avec des gens formidables, des amiEs, la famille, d’observer la mer, les étoiles, de vivre tout simplement, de vraiment participer à sa propre vie…

Comment se déroule le processus de création d’une œuvre ?

Je commence souvent avec de l'improvisation qui est influencée par mon état d'esprit et du choix de l'instrument du moment. La composition s'installe lorsque je commence à faire des boucles avec certaines parties. Je fais ensuite des dérivés directement des 'riffs' principaux, des fragmentations, des détours, des contrastes, etc… D'autres fois ce n'est pas ça du tout! hahaha

En résumé, je fais des motifs jusqu’à ce qu’ils deviennent é-motifs… ;)

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photo: Louis-Philippe Chiasson

Grâce à votre travail, qu’avez-vous appris sur vous-même et sur la communauté artistique du Nouveau-Brunswick ?

Inévitablement, le fait d’évoluer dans mon travail au point de me promener un peu partout sur la planète m’a fait réaliser bien des choses que je tenais pour acquises de notre coin de pays. Il y a du beau et du bon partout, mais chez nous aussi. J’apprécie grandement notre façon de vivre, notre peuple, nos artistes, notre proximité avec la nature, etc… Je suis fier de voir notre communauté artistique rayonner de plus en plus au national et à l’international.

Selon vous, quel est l’impact du travail des artistes dans les communautés ?

L’impact, ou la valeur réelle de l’art est grandement incompris dans notre société. À un tel point que souvent les artistes eux-mêmes ont du mal à en saisir l’importance. Leur travail est une richesse et un héritage qui à la fois précise notre époque et la transcende. Il faut démystifier l’importance de l’art. Oui de grandes parts de ce domaine sont invisibles, mais surtout pas incompréhensibles ni inexistantes. De quoi aurait l’air notre économie sans la créativité, l’innovation, l’art…

Décrivez ce dont vous êtes le plus fier au cours de votre carrière.

L’accomplissement de soi, les liens d’amitié qui se tissent partout dans le monde. Je ne peux plus imaginer ma vie sans ça.

Où pouvons-nous suivre votre travail ?

Photo de bannière : Pat Gauvin

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